Que dire...alors que vous découvrez un poisson d'avril accroché dans votre dos

Publié le par Xavier Malbreil

Mais oui, j'avais mal dans le dos depuis ce matin, voilà pourquoi! On m'a planté un hameçon entre les omoplates. Maudits morveux qui ne trouvent rien de plus drôle pour le premier avril. Et personne pour me le signaler, bien entendu, il faut que ce soit moi qui le voie dans le miroir. Oh bien sûr, poisson d'avril! Poisson d'avril! on rit, on s'amuse, on fait des niques et des farces aux adultes, on se lâche, et devinez qui sera la cible de la plaisanterie la plus éculée? Moi, bien entendu, et personne d'autre dans cet immeuble.

D'ailleurs, vous voyez, ces sales petits morpions ne m'ont pas attaché tout bêtement un poisson en papier vaguement colorié, non, ce serait trop simple - vous voulez bien le décrocher, s'il-vous-plaît? Ils sont allés chercher un vrai poisson rouge, avec des écailles visqueuses et des nageoires coupantes, sait-on dans quel caniveau, dans quel aquarium à l'eau croupie, un vieux poisson rouge encore vivant, mais si peu, et ils me l'ont épinglé, là, entre les deux omoplates - comment, vous ne le voyez pas? Il est pourtant assez gros, et même, tenez, je le vois encore ouvrir la bouche et quêter une bouffée d'oxygène, là, dans mon dos, ce n'est quand même pas le miroir qui invente ce ridicule poisson rouge, regardez l'air ahuri et agacé qu'il prend, d'un chaton qui se verrait dans une glace pour la première fois. Alors quoi, ils vous ont mis dans la conspiration vous aussi? Ce n'est plus un premier avril! C'est une compilation du mardi-gras, du 14 juillet, de la fête de la Sainte Inquisition, du premier de l'an, et de la Toussaint réunis! Tout le monde rit, tout le monde vocifère, et tout le monde finit dans le caniveau, tandis qu'un seul, moi, est accroché au pilori avec des hameçons.

Si seulement ils avaient l'idée d'épingler un homme sur un gros poisson, un thon par exemple, le jour du premier avril, voilà au moins qui serait surprenant. On prendrait celui ou celle qui m'a mis cette vacherie dans le dos, on l'attacherait à l'arrière d'un thon de 400 kilos, et on le lâcherai au large de Sète en pleine période de pêche! Ah, ils riraient moins, les plaisantins qui m'ont fait ça. Vous le voyez maintenant, ce poisson rouge, dans mon dos, au bout de son hameçon? Je crois que mon idée lui a tellement plu, qu'il a souri en expirant ses dernières bulles. Bloup! Bloup! Bloup!

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